Focus sur Francesco Rosi

Carte blanche à Thierry de Peretti

Pour les Journées cinématographiques, Thierry de Peretti a choisi trois films de Francesco Rosi.

Révélé dans les années 1960 et appartenant à la génération post-néoréaliste (Pier Paolo Pasolini, Ermanno Olmi, Elio Petri…), Francesco Rosi est l’auteur de plusieurs « films dossiers » qui décrivent sans œillères les rouages du pouvoir politique. Obsédé par le réel et sa part la plus sombre, partagé entre son éducation bourgeoise et la culture du sud, entre la raison et la passion, Francesco Rosi aura su bousculer toute la sphère artistique et politique italienne.

Révélé dans les années 60 et appartenant à la génération post-néoréaliste (Pier Paolo Pasolini, Ermanno Olmi, Elio Petri…), Francesco Rosi est l’auteur de plusieurs «films dossiers» qui décrivent sans oeillères les rouages du pouvoir politique. Obsédé par le réel et sa part la plus sombre, partagé entre son éducation bourgeoise et la culture sud, entre la raison et la passion, Francesco Rosi aura su bousculer toute la sphère artistique et politique italienne.

« Témoin de son temps, Rosi est sans doute le cinéaste le plus radical dans son approche civique et politique de la réalité italienne, dans sa volonté de montrer l’inextricable connivence entre pouvoir officiel et pouvoir occulte, entre organisation institutionnelle et structure mafieuse. Décrivant d’abord les méfaits de la camorra à Naples (Le Défi, 1958), dont il suit ensuite les ramifications en Allemagne avec Profession magliari (1959), il élargit progressivement ses investigations à la Sicile pour en montrer la douloureuse soumission à la mafia (Salvatore Giuliano, 1961), puis, revenant à Naples, il étale au grand jour la collusion entre les hommes politiques et les entrepreneurs capitalistes dans la mise à nu d’un problème – la spéculation immobilière – dont les enjeux ne sont pas seulement italiens (Main basse sur la ville, 1963, Lion d’or à Venise). Ses films suivants abordent le thème de la tauromachie dans l’Espagne franquiste (Le Moment de la vérité, 1964), la représentation de la guerre de 1914-1918 vue dans sa folie meurtrière (Les Hommes contre, 1970), les luttes internationales pour le contrôle du pétrole (L’Affaire Mattei, 1972, Palme d’or au festival de Cannes), la mise en place des réseaux de trafic de drogue entre l’Europe et les États-Unis (Lucky Luciano, 1973).
Analyste toujours plus pénétrant des dévoiements du pouvoir, Rosi étale ensuite, en s’inspirant du roman de Leonardo Sciascia Il Contesto, les rouages d’un complot d’État pour mieux asseoir l’autorité hors de tout contrôle démocratique (Cadavres exquis, 1976). Sensible aussi à une dimension plus romanesque du récit, sans que pour autant l’observateur lucide ne demeure aux aguets, ses films suivants le conduisent à nouveau dans le Sud de l’Italie (Le Christ s’est arrêté à Eboli, d’après Carlo Levi en 1979 ; Trois frères en 1981 ; Oublier Palerme en 1990) ou dans l’univers hispanique et latino-américain. Au début des années quatre-vingt dix, il revient à Naples pour décrire les nouveaux ravages des détournements de fonds, de la spéculation immobilière et de la drogue (Naples revisitée, 1992). Dans ce film très personnel, il se livre aussi à une évocation intime des lieux de son enfance et de sa jeunesse. En 1997, il parvient enfin à réaliser un projet qu’il essayait de porter à l’écran depuis plusieurs années, une adaptation du récit de Primo Levi, La Trêve, sorte d’Odyssée du retour à Turin au sortir du camp d’extermination d’Auschwitz.»

Jean A. Gili, catalogue de la Cinémathèque française, juin 2011

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Séances

  • Cinéma L'Ecran| vendredi 4 février 2022 - 16H00

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    'Cadavre exquis' de Francesco Rosi

  • Cinéma L'Ecran| lundi 7 février 2022 - 16H30 | VO

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    'Lucky Luciano' de Francesco Rosi

  • Cinéma L'Ecran| mardi 8 février 2022 - 20H45 | VO

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    'Salvatore Giuliano' de Francesco Rosi