Dans Docteur Chance (1997), Joe Strummer, ancien leader des Clash, joue le rôle de Vince Taylor.
F. J. Ossang est poète, musicien et cinéaste. Héritier du cinéma muet, du situationnisme et de la culture punk, son cinéma revisite, avec une exigence plastique rare, nombre de genres (film noir, road movie, science-fiction). Les films sont traversés par la hantise de la destruction d’un monde déréalisé où l’échec est aussi imminent que flamboyant.
Après une enfance au Cantal, il rejoint Toulouse au milieu des années 1970. Il commence son activité artistique à partir de 1975 avec la première rédaction de textes poétiques très personnels et l’édition d’un magazine littéraire, Cée (1977-1979, coédition Christian Bourgois) Il crée également les Céditions, qui publie des textes importants de Stanislas Rodanski, Claude Pélieu ou Robert Cordier. Avec son activité d’écriture, il crée le groupe punk DDP (« De la démocratie pure »). Nouveau départ à Paris vers 1980, où il étudie le cinéma à l’IDHEC. On trouve dans son premier long métrage, L’Affaire des divisions Morituri (1985), la rémanence des avant-gardes soviétiques et des allusions à la rage irréconciliable de la Fraction Armée Rouge aussi bien qu’aux cris de la scène post-punk. Dans le troisième long métrage, Docteur Chance (1997), Joe Strummer, ancien leader des Clash, joue le rôle de Vince Taylor. Seul film en couleurs de toute l’œuvre jusqu’à aujourd’hui, inspiré à la fois de Pandora et de Solaris, ce road movie aux tonalités ardentes mélange polar et aviation sur les routes interminables d’un désert chilien transfiguré par le rock industriel de MKB (Messageros Killers Boys), dont Ossang est l’un des membres fondateurs. Suivront Le Trésor des îles Chiennes (1990), véritable film des années 1920 tourné en CinemaScope, la «Trilogie du Paysage» (Silencio, Ciel éteint ! et Vladivostok), Dharma Guns (2010) et 9 doigts (2017). Son cinéma peut, comme il le dit de l’œuvre de Guy Debord, contenir à lui seul le « point froid incandescent » de toute une époque. Il nous hurle ainsi, avec une délicatesse étonnante, une eulogie hypnotique pour le cinéma, tout en montrant, d’un noir à l’autre, que si la destruction guette l’homme, le chaos le façonne.
Filmographie (longs métrages) :
1984 : L’Affaire des Divisions Morituri
1990 : Le Trésor des îles Chiennes
1997 : Docteur Chance
2011 : Dharma Guns
2018 : 9 doigts
Filmographie (courts métrages) :
1982 : La Dernière Énigme
1983 : Zona Inquinata – la vie n’est qu’une sale histoire de cowboy
2007 : Silêncio
2008 : Ciel Éteint !
2009 : Vladivostok