Sarraounia
Un film de Med Hondo
Séance présentée par Amzat Boukari-Yabara, historien spécialiste de l’Afrique, et Abdoul Ali War, coscénariste et assistant-réalisateur de Med Hondo
En 1899, une colonne de Soudanais enrôlés, habillés et armés par le colonialisme français, descend les routes du sud de l’Afrique sous la conduite d’une poignée d’officiers blancs. Toute velléité de résistance autochtone est réduite par une politique de terre brûlée et de massacres organisés. Face à cette force de frappe composée d’un canon et de bons fusils, l’Afrique des royaumes et des divisions tribales se dissout. Seule se détache de la couardise ou du vain calcul l’intransigeance de Sarraounia, chef guerrier et grande prêtresse des Aznas.
« L’anecdote, puisée par Med Hondo dans les archives de l’ancien ministère des Colonies, prend dès lors valeur d’exemple et de symbole. Presque un contre-exemple qu’il aurait fallu suivre si l’on connaît le combat que mène le cinéaste d’origine mauritanienne, déjà à travers ses premiers longs métrages Soleil Ô et Les Bicots nègres, vos voisins, plaidant pour l’identité culturelle africaine, tempêtant aussi contre une réalité post-coloniale le plus souvent amollie par les structures politiques à la recherche d’intérêts bien différents. […] Sarraounia agit en quelque sorte à contre-courant, pose sa pierre historique sur une architecture qu’il reste encore à élever. Afin que l’Afrique, enfin, puisse s’y reconnaître. »
Claude Sartirano, L’Humanité Dimanche, 23 novembre 1986