À Saint-Juire, un petit village vendéen, le maire étrillé aux dernières élections cantonales entend redorer son blason en édifiant une médiathèque sur un pré communal. Mais les résistances locales sont vives : l’instituteur défend bec et ongles un saule centenaire menacé par l’ambitieux projet. Une romancière parisienne plaide pour le strict respect des paysages. Et la petite Zoé, 10 ans, revendique l’implantation d’espaces verts à la campagne.

« L’absence de hasard a également voulu que L’Arbre, le maire et la médiathèque sorte peu avant la campagne pour les législatives. Dans un film qui répugne aux discours allusifs et aux sous-entendus complices et triomphants (pour Rohmer, un chat est un chat), la chose n’allait pas sans risque. L’ironie du sort a voulu que cette campagne télévisuelle pour les élections soit marquée par l’apparition d’un nouveau phénomène : le spot publicitaire pour les partis ou la publicité politique. Formules chocs, rétrécissement du discours à l’état de slogan, rhétorique de cinéma laminée au passage par la pub et le clip, c’est tout simplement la possibilité d’une parole politique qui a été confisquée par l’outil télévision : l’échange des idées et des points de vue, le débat dans la cité. Pendant ce temps, sur ce fond de démission généralisée, le film de Rohmer était là pour lui faire honte. »

Antoine de Baecque, Cahiers du Cinéma no 467, mai 1993