La Nuit Infernal Affairs

Rétrospective Trilogie de Andrew Lau et Alan Mak

La Nuit Infernal Affairs est présentée par un membre du comité de rédaction de Revus & Corrigés

Saga culte du cinéma hongkongais, Infernal Affairs surgit sur les écrans après une décennie tumultueuse pour l’ex-colonie britannique. Face à la rétrocession de Hong Kong à la Chine, la plupart des grands réalisateurs ont fui vers les États-Unis. Là-bas, ils sont nombreux (Kirk Wong, Ronny Yu, Ringo Lam, Tsui Hark) à se casser le nez sur cette véritable machine à « normaliser » le cinéma qu’est le système hollywoodien. C’est dans le creux de la vague que surgit alors le premier volet de la trilogie Infernal Affairs, réalisé par Andrew Lau (Young and Dangerous) et Alan Mak. Ensemble, ils prouvent que le polar hongkongais n’est pas mort et qu’il a encore des leçons à donner au cinéma américain (Martin Scorsese réalisera un remake de Infernal Affairs avec Les Infiltrés).

La police hongkongaise et les triades se livrent une lutte impitoyable. Pour défendre ses intérêts, un parrain décide d’infiltrer des hommes dans la police. Son homme de main jouit d’une réputation sans tache et parvient à gravir les échelons de la hiérarchie policière. Dans le même temps, les forces de l’ordre envoient leur meilleur élément comme taupe dans la mafia. Afin de garder cette mission secrète, seul un commissaire est au fait de ses agissements et de sa véritable identité. C’est une course contre la montre qui s’engage pour savoir qui démasquera l’autre en premier.

Véritable hommage au film noir hongkongais, Infernal Affairs évoque l’épopée à la fois sanguinaire et mélancolique des Syndicat du crime, la trilogie de John Woo. Mais, à la débauche de violence, Andrew Lau et Alan Mak préfèrent la précision de la mise en scène. Le duo de cinéastes orchestre un duel sans merci, un redoutable jeu de miroirs où les deux imposteurs poussent à bout la conception qu’ils se font de la morale. À une mise en scène nerveuse répond une tension psychologique implacable qui repose sur une traque faite de filatures, d’écoutes clandestines et de regards soupçonneux. Il faut alors voir dans Infernal Affairs bien plus qu’un simple conflit entre policiers et gangsters. Alors que Hong Kong est offerte en sacrifice à la toute-puissance chinoise (et l’histoire récente nous prouve que les peurs des artistes hongkongais étaient fondées), Andrew Lau et Alan Mak font émerger à la surface du cinéma populaire toute la paranoïa qui envahit progressivement la société. Infernal Affairs devient la métaphore d’un pays où chacun se démène avec sa propre identité, et où les institutions sont progressivement rongées par un virus qui ne dit pas son nom.

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Séances

  • Cinéma L'Ecran| samedi 5 février 2022 - 22H30 | VO

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  • Cinéma L'Ecran| dimanche 6 février 2022 - 01H00 | VO

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  • Cinéma L'Ecran| dimanche 6 février 2022 - 03H00 | VO

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